UFC-Que Choisir de Saône-et-Loire

Environnement / Eau / Energie

VRAIE OU FAUSSE BONNE NOUVELLE ?

De nombreux captages d’eau potable de Saône et Loire ont une eau de qualité non réglementaire du fait de la présence de pesticides.

Les pratiques agricoles utilisant moins de pesticides chimiques dans les aires d’alimentation autour des captages d’eau potable dépendent de la bonne volonté de la profession agricole. Malgré l’engagement de certains agriculteurs, ces dispositions sont nettement insuffisantes.

Un projet de décret est en consultation publique, destiné à faciliter le droit de préemption des collectivités sur les surfaces agricoles autour des captages pour assurer une agriculture favorable à la protection de la ressource en eauhttp://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-de-decret-relatif-au-droit-de-preemption-a2666.html#forum818403

Qu’est-ce que cela signifie : que pour avoir une agriculture plus vertueuse, on facilite les démarches pour que les collectivités puissent s’endetter pour acquérir les terrains !

Qui va payer finalement lorsque la collectivité va faire l’investissement ?  A votre avis ? 

Lorsque ce sont les collectivités qui prennent le relai pour traiter l’eau brute afin de la rendre potable, ou qui deviendront propriétaires des terres agricoles pour une baisse de l’utilisation des pesticides chimiques, vers qui vont-elles se tourner pour augmenter leurs budgets en conséquence ? Vers le consommateur ! Au travers de sa facture d’eau, part fixe et part variable, ou au travers de ses impôts.

Examinons un peu la facture d’eau payée par le consommateur : en plus des parts fixe et variable mentionnées ci-dessus, il y a la redevance aux Agences de l’Eau : vous pouvez consulter un exemple avec le lien suivant : https://www.quechoisir.org/decryptage-prix-de-l-eau-comprendre-sa-facture-d-eau-n55269/.

Prenons l’exemple de l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse : Alors que plus de 70% de son budget provient de la redevance des ménages ou assimilés, 0.9% des agriculteurs et 4% des fabricants de produits phytosanitaires, 7 % de ce budget sont utilisés pour la dépollution agricole, et 22% à la gestion de la ressource en eau !  https://www.eaurmc.fr/jcms/vmr_35845/fr/fiscalite-et-prix-de-l-eau

Où est la part de ce budget, approvisionné majoritairement par les ménages, destinée à soutenir les actions  dans les aires d’alimentations des captages d’eau potable pour avoir une eau conforme à la réglementation ? 

Pour le premier trimestre 2022, cette même agence a consacré (https://www.eaurmc.fr/jcms/pro_108685/fr/le-chiffre-104-m-investis-par-l-agence-de-l-eau-au-1er-trimestre-2022)

  • 21,8 M€ octroyés à l’eau potable, dont 16,6 M€ pour la mise à niveau des équipements des collectivités en zone de revitalisation rurale, 2,2 M€ pour les études de diagnostic et la gestion patrimoniale des ouvrages, et 1,6 M€ pour préserver et améliorer la qualité de la ressource, soit 1.5% de son budget !
  • 7 % des aides (7,7 M€ sur 104M€) aux actions d’amélioration des connaissances et de communication (3,5 M€), à la réduction les pollutions industrielles (2,9 M€), à la solidarité internationale (1,2 M€) et 0,1 M€ à la réduction des pollutions agricoles  soit 0.1% de son budget, qui sont  pourtant l’origine des problèmes de qualité de l’eau et donc des augmentations de la facture du consommateur ! Cherchez l’erreur !

Pourquoi le gouvernement ne peut-il pas s’engager vers un soutien fort d’une agriculture vertueuse, par les Agences de l’Eau, les Mesures Agro-Environnementales (versées en temps et en heure !), voire d’autres dispositifs, plutôt que faciliter l’endettement des collectivités ! Ceci permettrait d’éviter au consommateur d’avoir à supporter quasiment seul l’augmentation des traitements de l’eau brute du fait de la présence de pesticides !