Recommandations et positions à tenir pour les Propositions de Contrats signés à domicile
Ecouter la chronique diffusée sur Radio-Bresse le 13 octobre 2023
Etre sollicité à son domicile par un démarcheur met le consommateur dans une situation de vulnérabilité. Il est plus difficile de dire non à un vendeur chez soi que dans un magasin où il suffit de quitter les lieux.
Le démarchage à domicile consiste à solliciter un client dans un lieu qui n’est habituellement pas destiné au commerce pour lui vendre des produits ou services. Le client peut être sollicité à son domicile, sur son lieu de travail ou lors d’une excursion organisée par le vendeur (ex : voyage comportant des visites touristiques).
Le risque est d’acheter des produits à des prix supérieurs au prix du marché ou dont on s’apercevra rapidement qu’ils sont inutiles, superflus ou qui ne présentent pas les caractéristiques vantées par le vendeur.
Le démarchage donne parfois lieu à de réels abus avec des professionnels redoublant d’ingéniosité.
Quelle position tenir ?
Malgré le discours bien rodé du vendeur, il ne faut surtout pas signer dans la précipitation.
- N’hésitez pas à demander au vendeur de vous laisser les documents et à repasser, cela vous permettra de réfléchir à votre besoin et de comparer avec les autres offres du marché.
- Assurez-vous que les informations sont fournies de manière lisible et compréhensible, sur un support durable permettant ainsi au client de stocker les informations qui lui sont adressées personnellement, de les consulter pendant un temps déterminé, et de les reproduire à l’identique (par exemple : papier, mail, compte personnel sécurisé, clé USB…).
- Vérifiez que le document est horodaté et signé par le client donc par vous-même .
- Exigez la remise d’un contrat, c’est obligatoire et vérifiez la présence du formulaire de rétractation.
Il faut rester très attentif aux documents que l’on signe car les pièges sont nombreux. Un contrat antidaté fera perdre tout ou partie du délai de rétractation. Un document présenté comme un simple avis de passage ou comme un sondage peut en réalité être un contrat.
Un commercial peut adopter un discours trompeur pour vous faire signer, il mettra par exemple en avant des rendements mirobolants pour des panneaux solaires ou de nombreuses aides de l’état ou autre qui ne vous seront jamais allouées.
Face à cette situation, demandez-lui d’écrire ses affirmations sur le contrat, s’il refuse, il est à craindre que ses affirmations soient trompeuses.
Enfin on n’est pas obligé de laisser entrer à son domicile un démarcheur. Et, dans le cas d’un rendez-vous convenu, vous pouvez, après réflexion, annuler celui-ci.
Les bons gestes
Lorsqu’un démarcheur se présente à votre porte, quels sont les bons réflexes à avoir :
- Si vous le pouvez, éviter d’être seul (e) et vérifiez si possible le nombre de personnes présentes avant d’ouvrir la porte ;
- Exigez la présentation d’une carte professionnelle ;
- Ne signez rien avant d’avoir le devis en main ou mieux encore, demandez au démarcheur qu’il vous laisse les documents afin que vous en preniez connaissance à tête reposée ;
- Si vous devez signer plusieurs documents, prenez le temps de vérifier chacun d’eux et exigez un exemplaire de chaque.
- Ne versez pas d’argent, ne signez pas de chèque, surtout antidaté.
- En cas de doute, proposez d’appeler l’organisme professionnel auquel est rattaché le démarcheur
- Si le vendeur se montre insistant ou menaçant, faites- lui comprendre que vous ferez intervenir la gendarmerie.
Les trois règles à retenir qui protègent le consommateur lors d’un démarchage à domicile
- Le délai de rétractation : Si vous avez signé un contrat ou un bon de commande sous pression commerciale, il n’est pas trop tard pour faire marche arrière. Vous bénéficiez, depuis la loi consommation de 2014, d’un délai de rétractation de 14 jours. Vous pouvez donc envoyer un courrier en recommandé afin de faire valoir vos droits – vous n’avez pas à justifier votre décision.
- La remise obligatoire d’un contrat : il doit comporter nom et adresse du fournisseur, nom du démarcheur, adresse et lieu de conclusion du contrat, nature et caractéristiques de l’achat, modalités et délai de livraison, prixunitaire de chaque matériel et conditions de paiement. Tous les exemplaires doivent être signés et datés par le client. Le contrat doit comprendre un bordereau de rétractation.
- L’interdiction de percevoir toute contrepartie financière pendant 7 jours : Le vendeur à domicile ne peut recevoir aucun paiement ou aucune contrepartie de la part du client avant l’expiration d’un délai de 7 jours, à compter de la conclusion du contrat (article L. 221-10 du code de la consommation).
Ainsi, le vendeur à domicile ne peut pas recevoir d’acomptes, de chèques ou d’autorisations de prélèvement bancaire. Il lui est également interdit d’effectuer une prestation de service avant l’expiration de ce délai.
Dans un cas comme dans l’autre, le contrat n’est pas valable si le vendeur à domicile perçoit le paiement sans respecter ce délai.
Attention : Le vendeur à domicile qui ne respecte pas ce délai de 7 jours encourt 2 ans de prison et 150 000 € d’amende.
Quelques exceptions à connaître
Le vendeur à domicile peut percevoir le paiement, sans respecter le délai de 7 jours, dans les cas suivants :
- Abonnement à un journal consacré à l’information politique (quotidien, mensuel ou bimensuel)
- Contrat ayant pour objet la fourniture de services à la personne (conclu avec un organisme agréé)
- Contrat conclu au cours d’une réunion organisée par le vendeur à son domicile ou au domicile d’un client
- Contrat ayant pour objet des travaux de réparation à réaliser en urgence au domicile du client à sa demande.
Références :
Code de la consommation : article L211-1 à L211-4 – Contrats hors établissement (champ d’application)
Code de la consommation : articles L221-5 à L221-7 – Obligation d’information précontractuelle
Code de la consommation : articles L221-8 à L221-10 – Contrats hors établissement (dispositions spécifiques)
Code de la consommation : articles L221-18 à L221-28 – Droit de rétractation
Code de la consommation : articles L242-1 à L242-14-1 – Sanctions civiles, pénales et administratives