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L’inflation masquée ou « shrinkflation »

Ecouter la chronique diffusée sur Radio-Bresse le 15 mars 2024

Une nouvelle stratégie marketing et commerciale déployée par les industriels !

L’inflation actuelle impacte tous les secteurs de l’économie, incluant l’industrie agroalimentaire dont les coûts de production augmentent. Les industriels de l’agro-alimentaire ne souhaitent pas en revanche faire apparaître une augmentation de leurs prix, de peur que ces derniers soient boudés par le consommateur.

Alors les industriels ont trouvé la parade : réduire la quantité d’un produit vendu sans toucher à l’emballage, tout en gardant son prix, voire en l’augmentant très légèrement.

Largement dénoncée par les associations de consommateurs, dont Foodwatch et l’UFC-que choisir, la « shrinkflation » est pourtant complètement légale.

A aucun moment, la baisse de quantité n’apparaît clairement sur l’emballage. La nouvelle quantité apparaît certes, mais quels sont les consommateurs qui connaissent par cœur les quantités contenues dans une portion de fromage, un sachet de biscuits apéritifs ou de céréales du petit déjeuner ????

Il s’agit donc d’une pratique destinée à tromper le consommateur par son manque de transparence !

Concrètement quel est l’impact sur le coût d’un produit ?

Prenons un exemple : un paquet de pâtes contient 500g au départ, et coûte 1.25€. Dorénavant, le paquet pèse 450 g et coûte 1.3€. Sur le paquet, la quantité nouvelle va au mieux apparaitre, mais pas en évidence : le consommateur ne va vraisemblablement pas vérifier la quantité présente dans tous les paquets de pâtes à sa disposition !.

Et sur le prix, que se passe-t-il ? auparavant, le kilo de pâtes coûtait 2.5€ ; dorénavant, il coûte 2.9€. Vous pouvez penser que finalement cela n’a pas beaucoup augmenté : en fait, l’augmentation de 40 centimes d’euros représente 16% d’augmentation sur un seul paquet de pâtes. Multiplié par des milliers de paquets vendus dans les mêmes conditions, cela représente plusieurs dizaines de milliers d’euros engrangés par l’industriel au vu et au sus du consommateur !

Les points de vigilance :

Ce que l’on voit, c’est que les emballages n’affichent pas clairement la baisse de la quantité. Certaines grandes surfaces ont ainsi dénoncé clairement cette pratique en affichant clairement que telle marque ou tel produit a baissé la quantité présente et augmenté malgré tout le prix.

Je saisirai le Conseil national de la consommation et il y aura l’obligation, là aussi légale, pour les industriels de faire figurer le changement de contenu lorsque le contenu a baissé et que le prix reste le même », avait déclaré en septembre 2023 le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, sans toutefois préciser d’échéance. Un projet d’arrêté du gouvernement a été envoyé à la commission européenne pour validation, dans le but de le faire appliquer fin mars, selon l’information communiquée par France Bleu le 4 janvier 2024 : soyons vigilants !

Sinon, examinez toujours le prix au kilo ou au litre : c’est la meilleure manière de mieux se rendre compte du prix et de comparer les prix entre eux.

Et pour éviter ce piège de la moindre quantité dans les emballages, achetez les produits en vrac : vous connaissez la quantité que vous prenez !

Quelques chiffres :

Dans une étude publiée le 12 décembre 2023 menée auprès de 33 pays européens, Ipsos révèle que 67% des Français jugent cette pratique comme étant inacceptable.

Quelques exemples rencontrés en septembre 2023

Le paquet de chips Lay’s nature de 300 grammes a été réduit à 250 grammes, tandis que son prix est passé de 2,90 à 3,20 €. Soit un prix au kilo de 12,80 €, contre 9,67 € auparavant (+32,37 %).

Les paquets de tortillas triangles Doritos ont perdu 10 grammes et ont vu leur prix au kilo augmenter de près de 19 %.

Les glaces Magnum aux amandes sont passées de 656 à 600 grammes par paquet, tandis que le prix au kilo est, lui, passé de 10,90 à 13,45 € (+23,40 %).

Les petites portions de fromage de la marque Kiri sont passées de 20 à 18 grammes il y a un an et demi : le prix au kilo a augmenté de 11%”, a déclaré Foodwatch.

Certains industriels ont avancé que ce n’était pas une quantité moindre, mais que la recette s’était améliorée et qu’il y avait tel ou tel ingrédient en moins… Mais pour finir, la bouteille, la portion ou le sachet a maigri et le prix au kilo a très nettement augmenté, sans information aucune du consommateur ! Et certaines marques distributeurs n’ont pas échappé à la pratique, malheureusement.

Quelques liens internet :

https://www.quechoisir.org/actualite-prix-des-produits-les-astuces-des-fabricants-n103895/

https://www.ipsos.com/fr-fr/inflation-67-des-francais-jugent-la-shrinkflation-inacceptable

https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/shrinkflation-comment-le-gouvernement-veut-rendre-visible-la-baisse-des-quantites-vendues-au-meme-prix-9677240

https://pointsdevente.fr/fil-info/2024-02-12-intermarche-veut-lutter-contre-la-shrinkflation/

https://www.olivierdauvers.fr/2023/12/29/ce-que-dit-precisement-le-projet-darrete-anti-shrinkflation-et-la-suite-possible-pour-le-texte/