Qualité et Accessibilité des transports en commun en Bourgogne Franche-Comté
Ecouter la Minute – Conso diffusée sur Radio-Bresse le 6 décembre 2024
l’UFC Que Choisir 71 poursuit sa mobilisation au niveau de notre département.
Dans notre région, très rurale, la voiture est prépondérante dans les déplacements quotidiens puisqu’elle assure 80 % des déplacements domicile-travail. Les transports en commun sont quant à eux utilisés dans 5,5 % des cas et le vélo 2 %. Les enjeux environnementaux et de pouvoir d’achat imposent plus que jamais que tout soit mis en œuvre pour réduire le recours au véhicule individuel.
Pourtant malgré d’importants investissements réalisés depuis le début des années 2000, la qualité de service est encore loin des attentes de nos concitoyens.
2021 : CAMPAGNE de l’UFC QUE CHOISIR POUR UNE « NOUVELLE DONNE »
A l’occasion des élections régionales de 2021, l’Union Régionale de l’UFC-Que Choisir de Bourgogne Franche Comté[1] a réalisé, en partenariat avec deux associations d’usagers [2], un premier bilan de la qualité des TER dans notre région.
Constat de l’époque : une qualité du service loin des attentes des citoyens : en 2019, selon l’ART (Autorité de régulation des transports), 12,9 % des TER de la région n’avaient pas pris le départ. Et pour ceux qui ont roulé, le taux de retard atteignait 9,4 %. En outre, l’intermodalité, particulièrement entre le vélo et le train, reste toujours aussi difficile, du fait notamment de difficultés de stationnement en gare ou de la faible capacité d’emport de vélos dans les trains.
2024 : TRANSPORTS EN COMMUN EN BFC : PEUT MIEUX FAIRE
En 2024, nous revenons sur le sujet en publiant deux études : l’une à nouveau sur la qualité du TER (ponctualité, indemnisation, etc.) et la seconde sur l’accessibilité aux transports en commun, une problématique majeure dans un département majoritairement rural comme le nôtre.
- TER : Une qualité de service toujours problématique
3 ans après, nous constatons la persistance d’un manque de fiabilité des TER dans notre région : selon l’analyse des chiffres de l’ART[3], effectuée par l’UFC-Que Choisir, en 2023, 7,3 % des TER prévus dans notre région n’ont pas pris le départ et, parmi ceux qui ont roulé, 9 % sont arrivés à destination avec au moins 5 minutes de retard. Ainsi, un usager utilisant quotidiennement le TER subit en moyenne près de deux annulations ou retards par semaine. Les conséquences sont illustrées par les nombreux témoignages d’usagers reçus cette année par l’UFC-Que Choisir : rames bondées et à la capacité insuffisante en heures de pointe, impacts professionnels et familiaux majeurs liés à la récurrence des retards ou encore à la nécessité de conserver un véhicule individuel pour pallier/anticiper les carences du service.
Enfin, les chiffres, exprimés en moyennes, ne traduisent pas la situation réelle des usagers et cachent de grandes disparités : par exemple, la ligne Dijon-Laroche montre un taux de retard et d’annulation cumulé de 17,6 % quand il s’élève 1,3 % pour la ligne Belfort-Delle en Franche Comté. En ce qui concerne les usagers de Saône-et-Loire, la ligne la plus problématique est Dijon-Mâcon avec un taux de retard et d’annulation cumulé de près de 12 %.
Dans ces conditions, il est parfaitement choquant de constater que notre région ne prévoit une indemnisation de 25 % pour les abonnés que si plus de 20 % des trains de la ligne déclarée subissent une situation dégradée (retard supérieur à 15 minutes ou suppression), quand d’autres régions prévoient un dédommagement pouvant atteindre 40 % du prix de l’abonnement. Quant à l’usager occasionnel, il ne peut tout simplement prétendre à aucune indemnisation.
- Accessibilité aux transports en commun : les zones blanches du département de Saône et Loire
« Au quotidien, prenez les transports en commun ! ». Un message obligatoire dans toute publicité pour des véhicules terrestres à moteur … !
Pour comprendre à quel point cette injonction , qui découle de la loi « LOM »[4], reste un vœu pieux pour de nombreux habitants de Saône-et-Loire, notre association a cartographié la réalité sur le terrain.
- Accès à une solution de transport en commun (bus ou train) :
Près d’un habitant sur cinq n’a aucun accès à un service régulier de transport en commun dans un rayon de 10 minutes à pieds de son domicile ! 14 % des communes ne disposent d’aucun arrêt de transports en commun (bus ou train). Dans plus de trois quarts des communes, plus de la moitié des habitants n’a aucun accès aux transports en commun (bus ou train) à proximité de son domicile.
- Accès aux seuls trains : 94% des habitants de Saône et Loire n’ont aucun accès à une gare à
moins de 10 minutes de marche de chez eux. Et les deux tiers d’entre eux résident à plus de 10 minutes en vélo d’une gare.
Face à ces constats, l’UFC-Que Choisir de Saône-et-Loire appelle à une refonte de la politique de mobilité permettant le développement d’une mobilité durable et équitable passant par des investissements plus ambitieux, des ressources suffisantes pour les autorités organisatrices des mobilités locales et des règles d’aménagement du territoire qui soient davantage basées sur l’intégration des transports en commun aux décisions d’urbanisme en lien avec les besoins de logement, pour favoriser une réelle inclusion territoriale.
CONCLUSION
Nos études montrent qu’il est illusoire de considérer que les transports en commun sont actuellement une alternative crédible aux transports individuels dans notre département. `
Pour qu’ils puissent concurrencer la voiture, la première condition est leur déploiement plus large à travers une offre avec davantage d’accès proches du domicile des citoyens.
L’intermodalité entre vélo et transport ferré est également une véritable voie d’action, au vu d’une part significative de la population ayant accès à une gare actuellement. Théoriquement seulement, car cette pratique de mobilité est freinée par l’absence d’infrastructures cyclables efficientes et les difficultés d’accès à certains trains.
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Focus sur l’organisation des Transports en commun en Bourgogne Franche-Comté
La Région-Bourgogne-Franche-Comté est l’autorité organisatrice des transports interurbains (TER et bus Mobigo). Elle y consacre 250 millions d’euros par an.
En ce qui concerne les transports urbains, la quasi-totalité des intercommunalités de Saône-et-Loire (à deux exceptions près) a pris la compétence organisation des mobilités. Dans ce cadre, la communauté urbaine Le Creusot – Montceau-les-Mines ainsi que les communautés d’agglomération de Mâcon et Chalon-sur-Saône gèrent un réseau de bus urbains financé notamment par le « versement mobilité » dû par les employeurs du secteur. Des bus urbains circulent également à Autun et Paray-le-Monial. Quant aux communautés de communes plus rurales, plusieurs d’entre elles ont mis en place des services de transport à la demande (TAD).
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Cf. Fermeture du Guichet de la Gare de Tournus et crainte de fermeture de la gare
[1] L’Union régionale regroupe les 7 associations locales de l’UFC-Que Choisir en Bourgogne Franche Comté : Côte d’Or, Doubs-Territoire de Belfort, Haute Saône, Jura, Nièvre, Saône et Loire. Yonne
[2] La FNAUT, la FUB et l’UFC-Que Choisir appellent à une « nouvelle donne » du TER. Élections régionales 2021.
[3] Les taux de retard et d’annulation affichés par la SNCF sont incomplets car ils ne tiennent pas compte du nombre de déprogrammations.
[4] Loi d’Orientation des Mobilités de 2019.