UFC-Que Choisir de Saône-et-Loire

Santé

ACCÈS AUX SOINS – L’UFC-QUE CHOISIR DE SAÔNE ET LOIRE PASSE À L’ACTION

Ecouter la chronique diffusée sur Radio-Bresse le 24 novembre 2023

Depuis plus de 10 ans l’UFC-Que Choisir ne cesse de sonner l’alerte sur les inégalités d’accès aux soins en France. Aujourd’hui, elle publie une nouvelle étude qui montre l’aggravation criante de ces inégalités en actualisant sa carte interactive.

Après des années de négociations auprès des décideurs politiques qui restent sans réponse, elle saisit le Conseil d’État pour faire constater et sanctionner la coupable inaction gouvernementale, et enjoindre l’État à prendre les mesures à la hauteur des enjeux.

L’association a lancé le 21 novembre, avec ses associations locales dont celle de Saône-et-Loire, une campagne nationale de sensibilisation et de mobilisation #MaSantéNattendPlus. Elle invite les Français à consulter sa carte interactive et à soutenir son action en signant et partageant en masse sa pétition « Accès aux soins : j’accuse l’État ».

Quelle est la situation au niveau national ?

  • 83 % des Français résident dans un désert médical

Un désert médical est caractérisé ici par une accessibilité médicale au moins 60 % inférieure à minutes de chez eux.

En combinant la dimension géographique et financière de l’accès aux soins, c’est-à-dire en ne prenant en compte que l’accès aux praticiens ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires, la situation devient absolument catastrophique en ce qui concerne l’accès aux spécialistes, tant dans les zones rurales qu’urbaines.

Et au niveau de la Saône-et-Loire ?

  • L’accès territorial aux soins est dégradé dans notre département, surtout pour les gynécologues et pédiatres :

L’accès géographique à la médecine de ville est très dégradé en Saône et Loire : notre analyse montre en effet que 36% des habitants du département résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie, que 37% des femmes et 55% des enfants qui y habitent sont respectivement dans un désert médical gynécologique et pédiatrique.

Bien que les déserts médicaux soient moins répandus pour les généralistes (8% de la population départementale), la situation reste tout de même tendue pour plus de 50% des usagers du département qui ont d’importantes difficultés pour accéder à ce pilier du parcours de soins.

  • Avec la dimension économique, les déserts médicaux s’étendent dramatiquement

En combinant la dimension géographique et financière de l’accès aux soins, c’est-à-dire en ne prenant en compte que l’accès à des médecins ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires, la situation se détériore très fortement en ce qui concerne l’accès aux spécialistes. Les déserts médicaux se retrouvent alors aussi bien dans les zones urbaines que dans les zones rurales de notre département.

Dans le département, 70% des femmes résident dans un désert médical en termes d’accès à un gynécologue  et également 70% des enfants résident dans un désert médical en ce qui concerne l’accès à un pédiatre.

Enfin, 68% des personnes vivent dans une commune où trouver un ophtalmologue qui respecte le tarif de la sécurité sociale relève de la gageure.

  • Obtenir un rendez-vous médical : une légère amélioration mais des résultats qui restent critiques !

Pour illustrer les conséquences concrètes des difficultés d’accès aux soins, les bénévoles des associations locales de l’UFC-Que Choisir, dont ceux de notre association locale, ont contacté anonymement 2 642 médecins généralistes présents dans 70 départements pour savoir s’ils acceptaient de les suivre en tant que médecin traitant.

Alors que, au niveau du pays, dans 51% des cas les médecins ont refusé la demande de nos bénévoles, à l’échelle de notre région Bourgogne Franche Comté, ce pourcentage est de 29%, un chiffre en baisse par rapport à une enquête identique que nous avions réalisée il y a 4 ans (39%).

De même, 761 ophtalmologues présents dans 65 départements ont été contactés en vue d’un rendez-vous pour une visite de contrôle en tant que nouveau patient. En BFC, dans 21% des cas, les professionnels interrogés ont refusé de planifier un rendez-vous (contre 28 % à l’échelle nationale). 

Toujours au niveau régional, les délais d’attente, quand il est possible d’avoir un rendez-vous, restent très importants : dans 20% des cas, il faut attendre entre 1 et 3 mois, et, dans 35% des cas, plus de 3 mois.

Ce que nous demandons

  • L’instauration d’un conventionnement territorial des médecins, afin de garantir une meilleure répartition des professionnels de santé sur le territoire, et qui ne permette plus aux médecins de s’installer en zones surdotées, à l’exception du secteur 1 quand la situation l’exige ;
  • La fermeture de l’accès au secteur 2 (à honoraires libres), à l’origine du développement incontrôlé des dépassements d’honoraires. Les nouveaux médecins ne devraient avoir le choix qu’entre un secteur 1 aux honoraires sans dépassements, mais revalorisés lorsque c’est nécessaire, et l’Optam, qui encadre les dépassements d’honoraires ;
  • La suppression des aides publiques aux médecins ne respectant pas le tarif de la sécurité sociale, à l’exception de l’Optam ;
  • L’organisation d’un système de désignation effective d’un médecin traitant à chaque usager qui en fait la demande.

 

En se basant sur l’offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route, notre étude montre que 19 % des Français résident dans un désert médical pour l’ophtalmologie, et que 25 % des femmes et 29 % des enfants habitent respectivement dans un désert médical gynécologique et pédiatrique.

Si les déserts médicaux sont moins répandus pour les généralistes (3 % de la population), la situation reste tout de même tendue pour 24 % des usagers qui ont d’importantes difficultés pour accéder à ce pilier du parcours de soins.