UFC-Que Choisir de Saône-et-Loire

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Recharger sa voiture électrique : une sinécure !

 

Ecouter la chronique diffusée sur Radio-Bresse le 16 février 2024

Développer le marché des voitures électriques suppose que les conducteurs bénéficient d’un réseau suffisant et performant de bornes publiques tout au long de leur trajet.

Plusieurs enquêtes de l’UFC Que Choisir, dont la dernière en novembre dernier montrent que nous sommes loin du compte :

  •  Des bornes majoritairement lentes !

Elles ne sont pas toutes de même puissance : il  en existe de quatre types   : lente (moins de 7,4 kW), intermédiaire (de 7,4 à 50 kW), rapide (de 50 à 150 kW) et ultrarapide (plus de 150 kW).

Selon l’interprofession Avere-France, les deux premières sont très majoritaires (88,2 %) même si, entre janvier 2022 et juillet 2023, les points ultrarapides ont été multipliés par 10

  •  Des pannes fréquentes : en cause, plus de 6 fois sur 10, la panne de la station de recharge.

 

  •  Pas d’affichage des tarifs  en amont : Contrairement à ce qui se pratique dans les stations-services classiques, l’automobiliste n’est pas informé du prix, ni au niveau des bornes ni même lors de la recharge (absence de compteur).

 

  • Un  système de tarification et des moyens de paiement complexes et peu transparents

 

Pourquoi cette situation ?

 1/ L’organisation d’une infrastructure de recharge est complexe.

Trois acteurs interviennent :

  • Les collectivités locales, les concessionnaires d’autoroutes ou les responsables de la mise en place du réseau
  • Les opérateurs de recharge qui assurent l’exploitation technique (la maintenance et l’assistance) et la supervision (Ex. à l’instar de Fastned, Ionity, Izivia Tesla ou encore TotalEnergies).
  • Les opérateurs de mobilité tels Chargemap, Freshmile ou KiWhiPass, qui donnent des moyens d’accès à la recharge et de paiement sur les réseaux via une carte.

Parfois, une même entité peut jouer plusieurs rôles, voire assumer toutes les missions.

 

Heureusement, une plateforme d’itinérance permet à un utilisateur titulaire de la carte de tel ou tel opérateur de mobilité d’aller se brancher dans d’autres réseaux que le sien. Pas simple.

 

2/ Les formules tarifaires sont incohérentes

 

  • Les tarifs sont librement définis par les acteurs du secteur, sauf dans le cadre de certaines concessions ou de délégations de service public. Et il faut généralement souscrire un abonnement, ce qui alourdit encore la facture.

 

  • Sur le territoire, les prix varient énormément, avec des écarts atteignant plus de 400 % entre deux opérateurs de mobilité sur un même point de recharge.

 

  • Des formules particulièrement compliquées. Elles peuvent se baser sur un coût au kilowattheure (kWh) ou une tarification à la minute (particulièrement chère*), inclure des frais fixes, ou même de stationnement. Sans compter l’abonnement.

*C’est le cas dans la toute dernière station de Total Energies, ouverte en octobre 2023 à Courbevoie (Hauts-de-Seine), où l’on doit ajouter 20 centimes par minute au-delà de trois quarts d’heure de branchement (ce délai suffit pour recharger correctement sa batterie, et le surcoût est censé favoriser la rotation des utilisateurs).

 

Ainsi, le coût facturé n’est connu qu’à la fin du « plein ». Résultat, sur la route, il est impossible de faire jouer la concurrence et de choisir le point le plus attractif.

 

  • Des prix qui varient en fonction de la localisation

Sur le site Chargeprice.net, le 13 octobre dernier, nous avons relevé les prix du point Belib’ situé rue Fabre-d’Églantine, dans le 12e arrondissement de Paris. Le plus bas s’affiche à 0,47 €/kWh si l’on dispose de la carte Elli (borne de 7 kW). Il bondit à 2,12 € avec un passe Chargemap au même endroit. Soit 4,5 fois plus !

 

De plus le tarif est plus cher quand la borne est installée sur l’autoroute.

 

3/ Le système de paiement proposé est très complexe

Ainsi, la grande majorité des bornes n’acceptent qu’un règlement avec une carte d’opérateur de mobilité. => double peine pour le conducteur : d’une part  celle-ci est rarement gratuite ; d’autre part, les prix se révèlent plus ou moins avantageux selon la borne choisie et la carte que l’on détient.  =>Le propriétaire d’une voiture électrique est obligé d’en posséder plusieurs.

 

Nous avons constaté que, dans de trop rares cas, il lui était proposé un QR code ou un terminal de paiement.

 

            L’UFC-Que Choisir milite pour cette dernière solution : les conducteurs doivent  pouvoir accéder aux points de recharge avec leur carte bancaire

 

Comment s’informer ?

 La seule solution ? Surfer sur Internet avant de partir, afin de dénicher les meilleures offres.

Sauf qu’actuellement, seul le site web Chargeprice.net fournit ce service de façon indépendante. Avec cet outil, il n’y a plus de place pour l’imprévu… à condition toutefois que les bornes sélectionnées soient bien disponibles et fonctionnent le moment venu.

  

Au regard de tous ces constats, l’UFC-Que Choisir souhaite :

  • une meilleure régulation du marché,
  • plus d’information, des tarifs cohérents, 
  • un affichage obligatoire et harmonisé des tarifs, afin de permettre aux consommateurs de faire véritablement jouer la concurrence,
  • un accès à la recharge et un paiement par carte bancaire.