UFC-Que Choisir de Saône-et-Loire

LE DEPARTEMENT DE SAONE ET LOIRE DE PLUS EN PLUS TOUCHE PAR LA SECHERESSE

Alors que le dernier Comité Départemental de la Ressource en Eau du 20 juillet en préfecture vient tous juste de se terminer, le constat est alarmant : plusieurs bassins de l’Est du département passent en Alerte Renforcée « sécheresse ».

La météo des prochains jours est sans appel : du temps très chaud et très sec à venir, sauf quelques pluies éventuelles dues à des orages épars.

Nos ressources en eau diminuent : malgré les pluies de fin juin, les réserves de nos principaux barrages ont diminué de 5% depuis le début du mois. Dans les bassins de l’Arroux et de la Grosne, dans la Bresse, les assecs se multiplient et les écoulements d’eau se raréfient.

Dans les départements voisins, le constat est le même : la sécheresse est présente partout.

Quels sont les impacts de cette situation ?

Il est noté une augmentation de la consommation d’eau : remplissage de piscines, arrosages plus importants, mais également un nombre de fuites dans les réseaux en augmentation. Les terrains très secs, de fortes pluies conduisent à des gonflements et des rétractations de nos terrains très argileux.

Nos captages d’eau potable sont très souvent interconnectés entre eux, ce qui permet d’assurer globalement un débit stable. Mais l’ARS signale un risque de tension du fait de la météo très sèche à venir.

Certaines activités doivent être reportées : travaux, nettoyages, arrosages par exemple.

Agriculteurs et industriels doivent réaliser des efforts pour réduire leur consommation d’eau : et nous consommateurs, que devons-nous faire ?

L’arrêté préfectoral « sécheresse » du 20 juillet 2022, comprenant la carte et le détail des mesures, est accessible via le lien ici

Comment faire pour réduire notre consommation d’eau au maximum et votre facture par la même occasion? Quelques rappels de bonnes pratiques :

  • Utiliser une cuvette pour laver les légumes : ainsi toute l’eau est réutilisée pour arroser les plantes, ce qui n’est pas le cas lorsqu’on le fait directement dans l’évier.
  • Arroser votre potager le matin tôt ou le soir pour éviter l’évaporation : utiliser de préférence l’eau de vos récupérateurs d’eau de pluie. Profitez-en pour en acquérir si vous pouvez en installer facilement.
  • Eviter au maximum la vaisselle à la main si vous avez un lave-vaisselle : elle consomme beaucoup plus que ce dernier. Et remplissez-le au maximum pour réduire le nombre de vaisselles, et donc moins dépenser d’énergie et d’eau.
  • Vous n’avez pas cette chance ? Là encore, ne pas laisser l’eau couler pour laver et rincer la vaisselle, mais fermer l’évier.
  • Et pour les douches ? Par cette chaleur, on a envie d’en prendre plusieurs : une seule serait la bienvenue pour ménager notre ressource ! Et si vous avez des consommateurs de douches qui durent 10 minutes, essayez les challenges avec récompense à la clé : dispense de ménage, de couvert ou de courses, ou tout autre solution de votre choix ! Et surtout mettez bien en avant les efforts réalisés !
  • Et pour les plus chanceux, bien sûr, ne plus rajouter d’eau dans votre piscine : tant pis, le niveau baisse mais vous pouvez encore patauger ! Evitez les éclaboussures et les sorties d’eau intempestives lors des chahuts !
21 juillet 2022

VRAIE OU FAUSSE BONNE NOUVELLE ?

De nombreux captages d’eau potable de Saône et Loire ont une eau de qualité non réglementaire du fait de la présence de pesticides.

Les pratiques agricoles utilisant moins de pesticides chimiques dans les aires d’alimentation autour des captages d’eau potable dépendent de la bonne volonté de la profession agricole. Malgré l’engagement de certains agriculteurs, ces dispositions sont nettement insuffisantes.

Un projet de décret est en consultation publique, destiné à faciliter le droit de préemption des collectivités sur les surfaces agricoles autour des captages pour assurer une agriculture favorable à la protection de la ressource en eauhttp://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-de-decret-relatif-au-droit-de-preemption-a2666.html#forum818403

Qu’est-ce que cela signifie : que pour avoir une agriculture plus vertueuse, on facilite les démarches pour que les collectivités puissent s’endetter pour acquérir les terrains !

Qui va payer finalement lorsque la collectivité va faire l’investissement ?  A votre avis ? 

Lorsque ce sont les collectivités qui prennent le relai pour traiter l’eau brute afin de la rendre potable, ou qui deviendront propriétaires des terres agricoles pour une baisse de l’utilisation des pesticides chimiques, vers qui vont-elles se tourner pour augmenter leurs budgets en conséquence ? Vers le consommateur ! Au travers de sa facture d’eau, part fixe et part variable, ou au travers de ses impôts.

Examinons un peu la facture d’eau payée par le consommateur : en plus des parts fixe et variable mentionnées ci-dessus, il y a la redevance aux Agences de l’Eau : vous pouvez consulter un exemple avec le lien suivant : https://www.quechoisir.org/decryptage-prix-de-l-eau-comprendre-sa-facture-d-eau-n55269/.

Prenons l’exemple de l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse : Alors que plus de 70% de son budget provient de la redevance des ménages ou assimilés, 0.9% des agriculteurs et 4% des fabricants de produits phytosanitaires, 7 % de ce budget sont utilisés pour la dépollution agricole, et 22% à la gestion de la ressource en eau !  https://www.eaurmc.fr/jcms/vmr_35845/fr/fiscalite-et-prix-de-l-eau

Où est la part de ce budget, approvisionné majoritairement par les ménages, destinée à soutenir les actions  dans les aires d’alimentations des captages d’eau potable pour avoir une eau conforme à la réglementation ? 

Pour le premier trimestre 2022, cette même agence a consacré (https://www.eaurmc.fr/jcms/pro_108685/fr/le-chiffre-104-m-investis-par-l-agence-de-l-eau-au-1er-trimestre-2022)

  • 21,8 M€ octroyés à l’eau potable, dont 16,6 M€ pour la mise à niveau des équipements des collectivités en zone de revitalisation rurale, 2,2 M€ pour les études de diagnostic et la gestion patrimoniale des ouvrages, et 1,6 M€ pour préserver et améliorer la qualité de la ressource, soit 1.5% de son budget !
  • 7 % des aides (7,7 M€ sur 104M€) aux actions d’amélioration des connaissances et de communication (3,5 M€), à la réduction les pollutions industrielles (2,9 M€), à la solidarité internationale (1,2 M€) et 0,1 M€ à la réduction des pollutions agricoles  soit 0.1% de son budget, qui sont  pourtant l’origine des problèmes de qualité de l’eau et donc des augmentations de la facture du consommateur ! Cherchez l’erreur !

Pourquoi le gouvernement ne peut-il pas s’engager vers un soutien fort d’une agriculture vertueuse, par les Agences de l’Eau, les Mesures Agro-Environnementales (versées en temps et en heure !), voire d’autres dispositifs, plutôt que faciliter l’endettement des collectivités ! Ceci permettrait d’éviter au consommateur d’avoir à supporter quasiment seul l’augmentation des traitements de l’eau brute du fait de la présence de pesticides !

7 juillet 2022